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vendredi 9 septembre 2011

Lucian Freud et moi


 






Ce qui me touche particulièrement dans l'oeuvre de Lucian Freud, c'est sa capacité à rendre le réel dans une impression de silence où un drame latent semble être joué mais où, en même temps, rien ne se passe, comme si les êtres étaient à la fois vivants et empaillés.
L'acuité de son regard est absolument incroyable, bien au delà des hyperréalistes qui utilisaient la photographie, c'est sa seule capacité à observer le réel qui lui permet de rendre chaque détail sans que ces détails ne nuisent à l'ensemble. de plus près, tout semble ébauché et pourtant, tout est là!  Le jour où j'arriverai à cela n'est pas encore venu...






 Parfois, cette acuité visuelle confine au monstrueux car les corps deviennent plus réels que dans leur propre réalité: personne ne regarde aussi intensément ses propres congénères. ce qui produit un effet d'intimité, qui nous autorise à entrer dans l'espace même de chaque être humain, et à la fois, nous en éloigne par son imposante présence, presque envahissante.

Par contre, ce que je lui "reprocherais", c'est de finalement aboutir un résultat où les corps sont juste posés comme de la viande, sans vie personnelle, sans passé ni avenir, sans mémoire, sans identité propre sinon celle de l'épiderme. Les personnes sont rarement dans leur décor personnel, elles restent des accessoires de natures mortes. Mais quel est alors le rôle du peintre? Se doit-il de rentrer dans la réalité sous tous ses angles? Ou peut-il simplement rester en dehors, comme pour s'en préserver? j'aimerais en savoir plus sur cette grosse dame... mais le peintre a choisi de ne rien m'en dire sinon qu'elle est obèse. et cela, ne me convient pas vraiment. Mais c'est peut-être mieux ainsi? Mieux vaut ne pas trop en savoir en l'occurrence... nous en serions trop affectés.


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